Société
Sénégal : L’ONU dénonce les conditions de vie des talibés et les mutilations génitales féminines
Les Nations Unies à travers le Comité des droits de l’enfant (CRC) ont publié le jeudi 8 février à Genève un rapport qui dénonce le sort des talibés et appellent à une meilleure protection des enfants au Sénégal.
Les experts indépendants onusiens se sont dit préoccupés par les « niveaux de violence physique » à l’encontre des enfants dans divers contextes, y compris dans les écoles, en particulier dans les daaras.
Ces garçons couverts de poussière et de crasse, souvent pieds nus, en train de mendier, une boîte de conserve de tomates vide ou un bol en plastique à la main sont majoritairement des « talibés », actuels ou en fugue, autrement dit des étudiants du Coran que l’on a envoyés vivre et étudier dans une école coranique traditionnelle appelée daara.
Pour le Comité, l’État partie doit interdire explicitement dans la loi les châtiments corporels dans tous les contextes, y compris à la maison, dans les daaras, dans les structures d’accueil de la petite enfance, dans les garderies et dans les structures de protection de remplacement.
Il demande aussi instamment à l’État partie d’interdire explicitement dans la loi les châtiments corporels dans tous les contextes
Il s’agit ainsi d’abroger toutes les dispositions autorisant le recours aux châtiments corporels par les adultes, y compris l’article 285 du code de la famille du Sénégal.
Préoccupé par les milliers de talibés qui continuent de vivre dans des conditions sordides, privés d’une alimentation suffisante et de soins médicaux, soumis à des coups, à des sévices sexuels et emprisonnés, le Comité demande instamment au Sénégal de veiller à ce que tous les cas de maltraitance d’enfants, y compris les sévices sexuels, soient rapidement signalés et fassent l’objet d’une enquête.
Tout en saluant les initiatives qui soutiennent les enfants en situation de rue, le Comité recommande aussi à Dakar de mettre en œuvre des programmes de protection sociale ciblant la mendicité forcée, en particulier les familles les plus susceptibles d’envoyer les enfants dans des daaras éloignés de leur communauté pour des raisons économiques.
En réponse à ces interpellations, Dakar avait affiché, lors de l’examen du rapport, sa volonté de continuer à déployer « d’énormes efforts pour la socialisation, la protection et l’éducation des enfants des rues ». La délégation sénégalaise avait également annoncé que le Gouvernement allait, au-delà de la dimension de la mendicité, lancer une approche éducative pour venir en aide à ces enfants qui risquent d’être victimes d’exploitation.
Abolir les mutilations génitales féminines
Malgré les nombreuses initiatives du Sénégal en faveur de l’éducation inclusive et de l’éducation pour tous, le rapport pointe du doigt les mutilations génitales féminines et appelle le pays à prendre des mesures actives pour abolir les mutilations génitales féminines et d’appliquer strictement les lois visant à protéger les filles de ces pratiques.
La dépénalisation de l’avortement en toutes circonstances, en particulier pour les victimes d’inceste et de viol, et à garantir l’accès des adolescentes à des services d’avortement sûrs et de soins post-avortement est aussi recommandé pour mieux garantir l’épanouissement de la gente féminine partout dans le pays.