Politique
Tensions politiques au Sénégal : les anciens présidents Diouf et Wade sortent de leur silence
Dans un contexte de crise politique exacerbée par le report de l’élection présidentielle, qualifié de « putsch constitutionnel » par l’opposition et la société civile, deux figures emblématiques du paysage politique sénégalais, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, ont décidé de prendre la parole.
Ces deux anciens Présidents de la République du Sénégal, jusqu’alors silencieux, ont exprimé leurs préoccupations dans une lettre conjointe. Ils y évoquent la situation tendue qui règne dans le pays, marquée par le report de la présidentielle initialement prévue le 25 février 2024 et les violentes manifestations qui ont coûté la vie à trois jeunes.
Ils ont déclaré : « Nous appelons notre jeunesse, dont nous comprenons les frustrations et le désarroi, à cesser immédiatement les violences et la destruction de biens, et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs ». Ils ont également invité « l’ensemble des dirigeants politiques, du pouvoir et de l’opposition, ainsi que les responsables de la société civile, à participer à des discussions franches et loyales, afin que la prochaine élection présidentielle du 15 décembre 2024 se déroule dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables ».
Dans ce communiqué transmis à la presse par le Parti démocratique sénégalais, les deux anciens chefs d’État révèlent avoir eu une conversation téléphonique avec le président actuel, Macky Sall. Ce dernier leur aurait confirmé son engagement, pris devant la Nation le 3 juillet dernier, de ne pas briguer un troisième mandat et de quitter le pouvoir aussitôt après l’élection présidentielle.
Face à l’engagement de M. Sall de « ne ménager aucun effort pour préserver la stabilité du Sénégal », ils lui ont demandé d’organiser dans les plus brefs délais le dialogue national qu’il a annoncé et qui, selon leurs vœux, devrait aboutir à une large réconciliation nationale dans le respect de la Constitution et de l’État de droit. Ils ont également présenté leurs « plus sincères condoléances » aux familles et aux proches des trois manifestants tués lors des évènements de vendredi dernier.
Dans leur lettre, ils rappellent qu’ils s’adressent aux Sénégalais « en tant qu’anciens Présidents de la République du Sénégal, pères, avec Léopold Sédar Senghor, de la démocratie sénégalaise obtenue de haute lutte, mais aussi anciens irréductibles adversaires politiques qui nous sommes vigoureusement opposés par le passé ». Malgré leurs rivalités, ils ont « su discuter et dialoguer dans l’intérêt du Sénégal pour mettre un terme à nos différends et aux crises politiques, et cela dans le seul but de préserver la paix et les vies ». Ils concluent en s’adressant à Macky Sall : « Vous n’avez pas le droit de faire moins que nous ».