Politique
Togo : Les évêques expriment leurs réserves sur la nouvelle constitution
Suite à l’adoption d’une nouvelle constitution par les députés de l’Assemblée nationale, la Conférence des Évêques du Togo (CET) a exprimé ses préoccupations. Les prélats, surpris par cette décision, ont appelé le président Faure Gnassingbé à ne pas promulguer le texte.
« Alertés par le projet de modification de la Constitution de la quatrième République de notre pays par l’Assemblée Nationale, nous, membres de la Conférence des Evêques du Togo (CET), réunis en visioconférence ce jeudi 21 mars 2024, avons longuement réfléchi sur le sujet et ses conséquences sur la vie sociopolitique de notre pays », ont déclaré les prélats.
Les évêques ont révélé avoir sollicité une audience urgente auprès du Président de la République pour lui faire part de leurs interrogations et réserves.
**Réserves sur le changement de la Constitution**
Les réserves des prélats portent principalement sur trois points. Tout d’abord, les évêques se demandent s’il est opportun ou non de procéder à cette modification¹²³. « Il nous semble important d’expliquer au peuple, et pas seulement à ses représentants à l’Assemblée Nationale, les raisons d’une telle modification », souligne la CET avant de se demander : « Qu’apportera-t-elle de mieux à notre marche commune et à notre vie sociopolitique? ».
Ensuite, les hommes de Dieu se questionnent sur l’opportunité du moment choisi. En effet, pour les évêques, l’actuelle Assemblée Nationale est en fin de mandat depuis un moment. « Théoriquement, elle ne devrait gérer que les affaires urgentes et courantes, en attendant les résultats des élections qui auront lieu le 20 avril prochain et la prise de fonction des nouveaux élus. Est-il opportun qu’une modification constitutionnelle soit organisée en cette période où les députés eux-mêmes sont préoccupés par la campagne électorale qui commence très bientôt », se demandent les prélats.
Enfin, la conférence des évêques soulève des questions sur la procédure adoptée. Pour elle, un sujet aussi important qui va profondément changer la vie politique du pays devrait être précédé d’une large consultation et d’un débat national plus inclusif¹.
**Grand étonnement des évêques**
« Alors que nous attendions impatiemment la réponse à notre demande d’audience adressée au Président de la République, nous avons appris ce matin, avec grand étonnement, que l’Assemblée Nationale a adopté la modification de la Constitution pour faire passer le Togo d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire ce 25 mars 2024 », déplore la CET.
Compte tenu de tout ce qui précède, les évêques catholiques du Togo exhortent le Chef de l’Etat à différer la promulgation de la nouvelle constitution¹²³. Ils invitent Faure Gnassingbé à engager un dialogue politique inclusif, après les résultats des prochaines élections législatives et régionales.